24 octobre 2006

Un soir, un accident...

Hier, j'ai eu une journée de dingue, à courir entre mes trois papiers prévus, mes interviews, tout ça. Mais pour rien au monde, je n'aurais manqué mon cours de danse. C'est ma façon à moi de me défouler, de me sentir bien. Bref, j'ai fait une pause dans le travail pour assister à mon cours. En revenant vers le journal, à 21h30, il pleuvait à verses, c'était horrible. Et ça m'a rappelé mon lundi il y a deux semaines...

Ce soir-là, c'était le lendemain des élections: on avait bossé comme des fous toute la journée. Moi, je n'avais pas fini mes papiers avant la danse, alors j'ai fait, ce soir-là, comme j'ai fait hier: je me suis accordé une pause de deux heures.

Mes articles, je les ai finis entre 22h30 et 23h. Je gazais pour rentrer chez moi, morte de faim que j'étais. Mais à une petite dizaine de kilomètres de la maison, j'ai trouvé des voitures arrêtées en dépit du bon sens. Merde, un accident! Pas encore de pompiers en vue, peut-être que ce n'est pas grave... Je sors, j'avise une voiture en travers de la route, je demande s'il y a des blessés, on me dit qu'une seule voiture est en cause, et qu'elle est dans le champ. J'aperçois effectivement une voiture sur le toit dans le champ. En m'approchant, je me rends compte que l'automobiliste est coincée en dessous de sa voiture!

Vite, ni une ni deux, les personnes présentes s'organisent pour lui porter secours. Très vite, on se rend compte que la blessée a la poitrine écrasée par la voiture. Elle supplie qu'on enlève le véhicule, demande qu'on appelle son mari pour le prévenir. Je n'ai eu qu'un seul cours de secourisme en primaire, mais je me souviens de cette époque qu'on nous avait dit qu'il fallait parler aux blessés pour les maintenir conscients. Moi, je me suis acroupie, et j'ai pris la main de la blessée, pour commencer à lui parler. Je lui ai demandé comment elle s'appelait, je lui ai dit qu'on avait appelé les pompiers et qu'ils arrivaient. Elle, elle n'arrêtait pas de dire qu'elle étouffait, qu'il fallait qu'on enlève la voiture, et qu'il fallait qu'on dise à son mari qu'elle l'aimait parce qu'elle allait mourir. Le choc!

Impossible après cela de la calmer, d'essayer de la faire respirer calmement. Il fallait en même temps gérer les autres qui voulaient enlever la voiture, au risque de l'écraser encore plus. Finalement, au bout d'un temps qui nous a paru être une éternité, les pompiers et le SMUR sont arrivés. Directement, les médecins urgentistes ont pris les choses en main, la mettant sous oxygène avant de vérifier qu'elle n'était pas trop cassée.

Les pompiers ont fini par enlever la voiture, mais pas du même sens que ce que les badauds voulaient faire. Elle aurait eu la tête écrasée, sinon.

Il m'a fallu plusieurs jours pour me remettre du choc. Car cet accident, j'aurais pu le faire cent fois, et encore plus ce soir-là. J'avais roulé comme une folle pour tenir mes délais et pour rentrer le plus vite possible. J'aurais très bien pu glisser et me retrouver sur le toit dans un champ. J'ai eu des nouvelles de la blessée. Elle l'a échappé belle, vraiment. Elle a le bassin cassé, et sera immobilisée un petit moment. Mais elle aurait pu mourir, vraiment.

J'ai reçu des remerciements, alors que finalement, je n'ai pas fait grand chose... Pendant des jours, je m'en suis voulue de ne pas avoir trouvé d'autres mots pour l'apaiser un peu. Et chaque fois que je prends ma voiture, je repense à France, cette blessée dont je ne connais que la main ensanglantée...

Vous savez comment sa famille m'a retrouvée? J'ai écrit un article dans le journal. Je sais, je suis incorrigible...

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