29 octobre 2006

"Ce n'est pas la faute de mon client, M'sieur le Juge!!"

Comme les chasseurs, il y a de bons et de mauvais avocats. Le bon avocat, tu vois, c'est celui qui a une robe, qui arrive au tribunal et qui plaide... C'est un bon avocat. Le mauvais avocat, c'est celui qui a une robe, qui arrive au tribunal et qui plaide... mais c'est un mauvais avocat. A force de fréquenter de temps en temps les salles d'audience, j'ai cependant pu définir un peu mieux le mauvais avocat. Et comme des exemples sont plus parlant, je vous en livre ici, dans mon extrême bonté.

Il est, à Huy, un avocat particulièrement médiocre, pour ne pas dire totalement mauvais. Appelons-le Alexis. Alexis est très actif dans la vie de sa commune (ça commence par "H" et ça finit par "uy"), à tel point qu'il est devenu l'échevin de Mémé, comme on l'appelle affectueusement. Il faut voir le gaillard: pas très grand, pas très mince, le poil châtain terne, les mocassins à glands (my tribute to Juan d'Oultremont), l'air fier de lui (satisfait). Comme échevin, ça va.

Une fois qu'il passe la porte du Palais de Justice, par contre, c'est la cata... L'homme se transforme en plaideur de cour de récré et c'est réellement pénible. Pour l'avocat de la partie adverse, pour les journalistes... et pour les juges aussi. C'est simple, le fait de voir son nom sur la feuille d'audience suffit généralement à me gâcher ma matinée au tribunal. Imaginez alors ce que c'est quand il intervient dans trois dossiers différents...

C'est ce qui est arrivé vendredi passé. Il y défendait un prévenu dans deux dossiers, puis une partie civile dans un autre. Mais au début de l'audience, pas de traces d'Alexis. Pas moyen non plus, visiblement, de le joindre par téléphone, un de ses clients a essayé. On entame donc les débats sans lui (ben oui, on va pas faire traîner les choses alors qu'il n'a pas prévenu...), et on en est presque arrivé au rôle tenu par son client quand il arrive effectivement, de son petit pas pressé, la robe sous le bras. Il s'excuse en riant, écoute à peine ses confrères.

Quand il commence à plaider, les arguments discutables fusent. "Faire payer les trajets, c'est normal entre amis! Vous n'allez quand mêem pas reprocher cela à mon client! 25 €, c'est presque du bénévolat, quand même!" Mouiiii mouiiii mouiiii. Pas sûre que la juge se laisse convaincre par un argument si percutant... Alexis a une autre tare professionnelle: il accuse les autres. Il serait capable de dire d'une victime de viol que c'est elle qui l'a cherché pourvu que ça entre dans sa ligne de défense. Ses plaidoiries sont brouillonnes, mal structurées et vides. Franchement, je me demande comment il a encore une clientèle. Il faut être con, ou mal informé, pour le choisir lui...

C'est là qu'intervient ma théorie (que, j'avoue, je pique en partie à des avocats mauvaises langues): Alexis bénéficierait de sa visibilité échevinale pour constituer sa clientèle. "L'échevin est avocat? Je vais lui demander conseil, qui sait, il m'aidera sans doute!" Voilà le genre de raisonnements qu'on peut entendre, je suppose, dans la tête des braves gens. Et quand il arrive à les défendre, il écorche les noms. Un patronyme à consonnances flamandes devient dans sa bouche un immonde maelström incompréhensible. Ce type est une insulte à la robe noire...

Ce que je me réjouis de voir, c'est la prochaine Cour d'Assises à laquelle il va participer. Parce qu'il défend l'accusé (un Albanais qui en a abattu un autre en pleine rue), et qu'il plaide face à un des bons éléments du même barreau que lui. Rien que pour avoir le plaisir de voir leur antagonisme, je demanderais bien une dérogation à Belga pour aller suivre ce procès passionnant! :)

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