17 octobre 2006

Le nez dans le guidon

Quand je me lance dans quelque chose, j'ai plutôt tendance à le faire à fond, avec enthousiasme, sans me poser trop de questions du moment que ça me plaît. Le nez dans le guidon, les cheveux au vent et si possible en descente, que ça aille vite et que ça soit grisant.

Mon boulot, c'est un peu ça. Je m'y suis engagée tête la première, mettant de côté mon mémoire pour mieux me concentrer sur ma fonction nouvelle. Tous les reportages ne me plaisaient pas certes, mais n'y a-t-il pas parfois des "faux plats" à vélo? Dans l'ensemble, j'adore ma vie. Je suis même allée, à un moment, jusqu'à mettre ma vie sociale entre parenthèses pour assouvir ma passion de l'info. Le statut d'indépendante aide à garder la tête dans le guidon: il faut produire toujours plus pour maintenir un certain niveau de revenus, qui ne fasse pas regretter de ne pas être entrée comme caissière chez Delhaize.

Un peu plus d'un an après avoir commencé, j'ai toujours cette passion des contacts, des nouvelles rencontres, de la nouveauté, de l'affaire, du scoop, du bien écrire. Mais je m'essouffle. Et peu à peu, je lève le nez. Et je me rends compte que, si je ne suis pas trop à plaindre, la situation des journalistes indépendants est tout simplement affolante.

Et je me pose des questions. Est-ce vivable de vivre dans le stress du premier au dernier jour du mois, en se demandant si on écrira assez pour vivre? D'être pénalisée, quand on est honnête, par rapport à certains fraudeurs de la rédaction? De se demander avec angoisse si ça ne va pas s'arrêter demain? Bref, de non-vivre.

Il y a des jours comme ça où on se prend le vent de face, et où on a juste envie de rentrer boire un chocolat chaud, comme quand on était ptits. Ouais, c'était bien.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Est-ce vivable de vivre dans le stress du premier au dernier jour du mois, en se demandant si on écrira assez pour vivre?"
C'est un peu le cas de tous les métiers d'indépendants et/ou artistiques. Parfois, il y a un gros contrat, du boulot pour plusieurs mois, et d'autres fois rien pendant des semaines. C'est ainsi, il faut l'accepter. Oui les fonctionnaires qui font leurs 8 heures de boulot par jour n'ont pas à se stresser, mais honnêtement, ça te plairait de t'assoir tous les jours à la même place de travail? De faire tous les jours le même boulot? De voir tous les jours les mêmes têtes? :)
Pour ce qui est d'être pénalisé quand on est honnête, malheureusement c'est le cas dans beaucoup d'entreprises. Quand je travaillais dans un institut de sondages, j'étais un des seuls à faire honnêtement mon boulot, on m'a décreté pas assez productif. J'ai commencé à être plus malin que le système, à piquer des rendez-vous téléphoniques aux autres sur l'ordinateur, à cacher des codes refus quand on me raccrochait au nez. Le résultat ?
"Magnifique, vous avez fait une belle remontée ces derniers mois..."

Ca dégoute. Mais dans une entreprise, soit c'est toi qui baise le patron, soit c'est l'inverse. Le but est qu'il ne puisse plus se passer de toi, et te prie de rester sous n'importe quelle condition. Là tu peux te permettre de rigoler =)