21 juin 2008

Un jeudi à la banque

Jeudi, j'ai fait quelque chose qu'on a tous tendance à repousser au maximum. Sauf que comme je suis en vacances, j'ai pas énormément d'excuses pour repousser encore. J'ai essayé dix ou onze fois le "je peux pas, je regarde un film" puis bon, j'me suis dit que j'allais plus être crédible. Il a fallu que je me bouge.

Et jeudi après-midi, je suis allée à la banque et à l'administration communale. Oui, je sais, moi aussi ma force mentale et mon courage m'étonnent. Faut dire que si je passais pas à la banque, une cinquantaine d'euros allaient me passer sous le porte-monnaie. Je ne vous ferai pas l'insulte de vous dire qu'avec tout ce que l'Etat nous prend déjà et qu'avec le pouvoir d'achat qu'est en berne ou en baisse je sais plus, on n'allait pas en plus lui faire cadeau des 50 euros! Un presque-sac Longchamps! Naméo!

Bref, jeudi 14h30, je me retrouve à la banque. Comme quinze autres personnes, qui font la file avant moi. Il n'y a qu'un seul guichet ouvert. Pas grave, après tout, on a le temps. Enfin, J'AI le temps, je suis en vacances. Mais visiblement, je suis à peu près la seule à prendre ça avec philosophie.

Parce que très vite, les autres clients s'impatientent. Le client au guichet pose plein de questions, a plusieurs opérations à faire. Il prend son temps, inconscient du drame qui est en train de se nouer dans son dos.

Car les autres commencent à rassembler leur haine du lambin. Ils regardent ostensiblement leur montre, se montrent leur montre, commencent à faire des commentaires. "Pffff! Yen a qui sont pas pressés, hein!", "Rhoooo! Et quoi? ya pas moyen d'ouvrir le deuxième guichet??", "Grrrr, c'est pas comme si on avait tout l'après-midi!!!". Des courants de haine viennent chatouiller la crinière jaune pipi défraîchie du client au guichet. Lui, il ne se doute de rien, l'innocent, ou alors il fait mine de rien.

Le guichetier aussi fait mine de rien. Il n'a pas l'air stressé ou particulièrement impatient. Il n'expédie pas le client. Il répond à ses questions. Mais c'est quand il décroche enfin le téléphone qui sonne dans le vide depuis quelques minutes que les murmures se transforment en protestations en bonne et due forme. Le client vient de partir, mais la file n'avance pas énormément. Le guichetier, il s'en fout, de toute façon la banque est ouverte jusqu'à 18h.

De temps à autres, une de ses collègues fait une apparition éclair derrière la vitre du guichet, mais elle refuse obstinément de s'asseoir sur le siège du deuxième guichet et d'appeler la "personne suivante". La seule qui trinque, c'est la bonne femme de l'accueil, qui se prend tout l'énervement de face. Surtout quand une autre collègue vient annoncer qu'elle veut bien s'occuper des gens à condition qu'ils ne demandent pas d'argent (ben tiens dans une banque!).

Finalement, c'est chez elle que je suis allée, puisque je ne voulais pas récupérer le fric en billets et petites pièces. J'ai reçu ma petite dose de haine de tous ceux que j'ai dépassés. Et qui attendaient toujours quand je suis sortie.

Et l'administration communale me direz-vous? Je devais enfin terminer les démarches pour ma domiciliation et demander un certificat de bonne vie et moeurs pour ma carte de presse professionnelle. Je dirai juste que le fonctionnaire des certif' avait vraiment un air bizarre, et que j'aurais pu le classer sans problème dans la catégorie des pervers.

La fonction ne fait parfois pas l'homme...

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