14 juin 2008

La fille sans attaches


Facebook, c'est bien et c'est pas bien en même temps. (Youpie, se dit le lecteur mature, Sophie découvre la dichotomie du monde, réel et virtuel, ya de l'espoir!Sophie te dit zut, à défaut d'autres mots plus vulgaires, parce que j'ai pas envie de passer pour la femme du charretier, si-tu-vois-c'que-j'veux-dire).

C'est bien parce qu'on retrouve les copines-de-quand-on-était-ptite, les cousins, les camarades de classe et d'universités, les potes de guindaille, les anciens collègues et les actuels aussi. On peut même chatter directement, sans passer par msn au bureau, qui est toujours mal vu par le patron. On regarde les photos des uns, les amis des autres, on apprend qu'une telle aurait été Marilyn, une autre Madame Bavarde et qu'une troisième est "addicted to Sex and the City".

On en apprend plus sur les humeurs des gens via leur statut du jour, on n'oublie plus les anniversaires puisqu'on a un Birthday Calendar (et on passe ses journées à souhaiter un bon anniversaire à tout le monde, c'est dingue comme tout le monde a son anniversaire le même jour!!). En fait, ya même plus besoin de demander aux gens comment ils vont, puisqu'on a toutes les infos sur leur profil. Le monde est super bien fait.

Et puis comme ça, en cascade (parce que tout le monde ajoute tout le monde en même temps), vous avez quinze nouvelles personnes qui veulent être vos amies. Vous, vous pas vraiment osé les ajouter en parcourant la liste des amis de vos amis. Parce que vous étiez plus sure qu'ils étaient bien en classe avec vous, d'ailleurs vous auriez bien de la peine à vous souvenir des noms de tout le monde. Il vous faut aller voir les photos pour vérifier que cette tête-là vous dit bien quelque chose. Avant d'accepter ce nouvel ami dans votre liste.

Moi, ça s'est passé exactement cette semaine. En sept jours environ, six années d'école secondaire me sont remontées à la figure, via de "nouveaux" amis sur Facebook. Bon, je mentirais si je disais que j'avais pas déjà fait un tour sur la fiche de l'un ou l'autre. Mais bon.

C'est quand même souvent le choc, en voyant les fiches. Parce que yen a quand même déjà pas mal qui sont mariés, voire ont des gosses. Même la fille un peu moche-un-peu-chiante (la deuxième avec moi ;-) ) que je trouvais limite lourde. Qu'y a-t-il de mal à cela?, s'interroge le lecteur perspicace. Après tout, tu as tout de même 26 ans! Fort juste, j'ai envie de répondre. Mais bon, quand t'as connu les gens à 10 ans, ça fait drole (comme on dit dans ma campagne).

Et puis, en observant de plus près les fiches de mes anciens camarââât, je remarque que souvent, ils sont restés à cet endroit que six longues années de secondaire m'ont juste donné envie de fuir. Ils continuent à fréquenter assidûment les mêmes potes de l'école, vont aux soupers des anciens. Bref, ils ne sont pas tout à fait différents.

Moi, pendant ce temps-là, j'ai tourné les pages, au gré de mes pérégrinations. Faut dire que l'école secondaire ne reste pas le meilleur souvenir de ma vie. Et que ce n'est pas l'unif que j'ai commencé à vraiment me sentir moi. Est-ce donc un hasard si mes premières amies (et premiers amis) datent de cette époque? Est-ce un hasard si je ne me souviens plus des noms de ceux avec qui j'étais en secondaire? Mais vu les liens d'amitié qui subsistent entre eux, je me sentais un peu bizarre. Celle qui coupe les liens au fur et à mesure de ses installations.

Est-ce parce que je ne suis jamais restée très longtemps au même endroit? Quatre ans par ci, quatre ans par là, trois ans dans telle école, six ans dans telle autre. Ai-je été trop paresseuse pour entretenir des liens d'amitié, qui se nourrissent du temps qu'on leur consacre? Un peu de tout ça.

Finalement, c'est en parlant avec un ancien de l'école sur Facebook que j'ai eu ma réponse. Lui non plus n'a gardé aucun contact avec des gens de cette époque-là. Lui aussi a pas mal voyagé à travers la Belgique, avant de se poser pas loin de la frontière, mais du côté français.

Lui, il m'a dit qu'il ne se souvenait même plus des noms, et que c'était terrible.

En concluant: "Enfin... si je ne m'en souviens pas, c'est qu'ils n'étaient pas importants"


Dans un coin de mon coeur, j'ai fait la paix avec moi-même.


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