22 octobre 2005

Voyages voyages

J'adore voyager, surtout quand c'est aux frais de la princesse. Et pour ça, j'ai choisi le bon métier. Okay, on m'envoie pas à Tokyo (quoique...), reporter en presse locale, ça pète moins que correspondant de guerre, mais ça a du bon. Tenez, sur l'année 2005, je serai partie trois fois en voyage.

En février, alors que j'étais en stage, la cheffe m'a appelée. "Yep salut! Dis, ça te tente un voyage à Cracovie et Auschwitz?" Là, ya pas cinquante mille réponses à donner. Même si on sate pas de joie (par décence pour Auschwitz), ça fait quand même rudement plaisir d'être "l'élue".

J'ai donc accompagné un groupe de jeunes de la commune d'Anthisnes. On a donc visité Cracovie la belle. Cracovie la pauvre et la riche. Cracovie la froide (moins quinze degrés certainement). On a vu le palais des rois de Pologne. Les lignes de chemin de fer utilisées par les Nazis pendant la guerre, le ghetto juif, l'université.
La misère des banlieues, l'aspect cossu du centre ville.
On a logé dans un hôtel confortable, limite luxueux. Les journalistes avaient leur propre chambre individuelle.

On a visité Auschwitz, puis Birkenau. Les baraquements transformés en témoins de la barbarie. Les vitrines remplies de godillots, d'escarpins, de chaussures. Poussiéreuses, misérables. Les cheveux, les lunettes, les valises, les habits d'enfants. Le silence de mort, de tristesse. Toutes les vies en suspens accompagnent les visiteurs. On voit les photos des premiers prisonniers, quand on prenait encore le temps de les ficher et de leur graver un numéro sur le bras. On voit aussi les visages des tortionnaires, de ceux qui avaient fait de la mort leur métier. Le docteur Mengele, les officiers nazis.
Et les fours crématoires. La chambre à gaz, immense et pourtant si étroite. La logique implacable du "plus de morts possible" s'étale. Et encore plus à birkenau. sous la neige, avec la bise qui rôde et qui fait frissonner sous les deux pulls et le manteau, vous vous demandez comment des gens ont pu survivre avec deux couches en moins et pas de chaussettes. Et si vous pensez au réchauffement climatique, et aux hivers qui ne sont plus ce qu'ils étaient, là, vous êtes carrément frigorifié. Gelé jusqu'à la moëlle. Glacé au sang.

Tiens! Ma chronique, qui se voulait légère et "ouah! t'as vu, finalement, j'pars en vacances à l'oeil (même que je suis payée pour le faire!) tout au long de l'année", cette chronique s'est attristée.
Pas étonnant, on ne rigole pas avec ces choses-là.

Promis, ma prochaine chronique voyageuse sera plus légère!

Aucun commentaire: