22 octobre 2005

Un amour d'adolescente

Je ne sais pas si je l'ai déjà écrit ici: je suis une lectrice acharnée. Moins maintenant, parce que je prends moins le temps, mais quand j'étais ado, je lisais n'importe quoi, des romans aux publicités en passant par des magazines d'information. Tout était bon à assouvir ma boulimie.

Parmi mes lectures récurrentes, il y avait "Les Garçons", "La petite Rue claire et Nette", "Victoria Bauer!", "Les Bernaches Cravant" ou encore "Samuel est revenu". Oui, tous des bouquins de Xavier Deutsch.

La première fois que j'ai lu "Les Garçons", j'ai pas aimé. Du tout. Je ne comprenais pas cette écriture colorée et déstructurée. Je l'avais lu pour faire plaisir à ma grand-mère qui avait bien connu la mère de Deutsch (vous me suivez? :D). J'ai laissé tomber Xavier Deutsch et ses bouquins. Mais je n'aime pas rester sur un échec. Un jour qu'on pouvait choisir un livre à analyser pour le cours de français, j'ai choisi "les Garçons". Je ne rappelle plus en quoi consistait le travail, mais j'ai appris à apprivoiser le roman. Je m'en suis emparée, j'ai digéré le style.

L'auteur en serait certainement ravi. Il aime déclarer qu'il n'a rien à voir dans la relation roman-lecteur. Que son seul boulot, c'est mettre le bouquin au monde, comme une mère accouche (il aime énormément cette comparaison), qu'il laisse vivre ses livres en dehors de lui et ne se préoccupe pas de ce qu'ils deviennent.

Il faut être vachement fort mentalement pour arriver à se détacher de ses écrits. Pour moi, il n'y a pas pire torture que de faire lire ce que j'écris. Plus c'est personnel, pire c'est. Le blog est sans doute un bon compromis: ça vous rend anonyme, et c'est une bonne façon d'être lu sans le savoir.
Mais un bout de papier (ou cent bouts de papier reliés pour faier un livre), c'est terrible. Il y a dix jours, j'avais laissé traîner un texte sur mon bureau. Ce n'était pas un secret, puisqu'il se retrouve ici, sur ce blog. Mais je ne voulais pas spécialement qu'on le lise. Un "sportif" est tombé dessus et l'a fait circuler dans la rédaction. Il m'a fallu plusieurs jours pour surmonter le "choc". J'ai eu l'impression d'être trahie. Il n'y a pas pire que d'être lu alors qu'on ne veut pas être lu. Du moins pas par ces personnes-là.

Mais je m'éloigne de mon sujet. Xavier Deutsch. Il était l'invité de la Fureur de Lire samedi passé à la bibliothèque de Huy. J'me suis résevé le reportage dès le lundi d'avant, pour être sûre. Vous pensez bien! C'est pas tous les jours qu'on rencontre son écrivain belge préféré, surtout en sachant que c'est pour un reportage... payé! (beh, ui, on est vénal ou on ne l'est pas :D). D'ailleurs, c'est parce qu'il est payé qu'il est venu aussi. Ya pas de petit profit. Mis il est correct, l'artiste, et il l'annonce d'entrée de jeu: "ben oui, pour venir vous parler aujourd'hui, je suis payé! ca me permet aussi de vivre". Le Xavier, il revenait de Place aux Enfants, où il avait animé un mini atelier d'écriture avec des gosses. Pas mal.
On a donc parlé du narcissisme de l'artiste, de sa soif de reconnaissance, mais aussi de son indifférence par rapport au sort de ses bouquins. Et de sa façon d'écrire. L'homme se laisse porter par ses envies, ses idées. Et si l'idée lui chuchote à l'oreille que l'armée qu'il est en train de composer sur papier doit être une armée de dogues, ben tant pis. Ou plutôt tant mieux. L'armée sera une armée de dogues et il ne pourra l'expliquer sinon qu'en disant qu'il a écouté la ptite voix. Une spectatrice, en l'entendant raconter ça le plus naturellement du monde, s'est même écriée "Mais vous êtes possédé!"
Lui, ça l'a fait rire, et il en a convenu simplement. Xavier Deutsch, il a trois ou quatre projets qui aboutiront avant la fin de l'année, dont un manifeste, où il donne son point de vue sur la littérature.

Mais il a paru embêté quand je lui ai avoué que son style m'a influencée. Là, il m'a répondu: "Ca veut dire que je fais du Xavier Deutsch. Zut!"


PS: www.xavierdeutsch.be ou www.bon-a-tirer.com

Aucun commentaire: