23 novembre 2005

On n'est pas sorti de l'auberge...

Au Kosovo, les militaires belges vont recevoir le renfort de contigents de Mongols.
Quelque chose me dit qu'il n'y aura pas trop de problèmes pour se comprendre...




eheh.

Petite annonce

Lu dans le journal?




Ch. prof d'anglais pr cours en accéléré à élèves déb. Cible: H. pol. Voc lié au monde auto. souhaité. Event. voc fin.
Contacter urg. la RW.

01 novembre 2005

Coup de théâtre

J'avoue, j'ai eu les larmes aux yeux à la fin de la pièce. Juste avant que les lumières ne se rallument, j'ai écrasé les deux gouttes d'eau qui menaçaient au bord de mes mirettes, puis j'ai essayé de me redonner une contenance. A mon grand soulagement, c'était pareil pour tout le monde. Car la pièce que nous venions de voir est réellement un coup de poing, une sorte de claque à la figure du "Je vis ma ptite vie sans me préoccuper des autres".

Sur la scène du Poche, une musicienne d'origine africaine, Manou Gallo. Et une comédienne d'origine Rwandaise, Carole Karemera. Deux femmes qui font voyager les spectateurs, l'une avec la magie de la musique, l'autre avec ses mots, ses gestes, ses expressions, ses accents.

L'histoire d'une journaliste africaine venue demander l'asile en Angleterre. Dans son pays, elle a écrit des articles pour critiquer le régime en place dans son pays. Pour cela, elle a vu mourir son mari, criblé de balles, son père, tué à la baïonnette, sa mère, tuée d'une balle dans la tête, sa soeur, tuée d'une balle, et son bébé, tué à la machette. Elle-même a survécu au viol et aux mutilations, et c'est pour échapper à tout cela qu'elle vient chercher la sécurité en Angleterre.

Directement parquée dans un centre pour réfugiés, la jeune femme fait connaissance avec les fouilles corporelles, les interrogatoires, les examens médicaux, la suspicion, l'amitié, la solidarité, le désespoir, et côtoie la folie de près.

On suit son parcours, ses appels pour enfin recevoir le précieux sésame, la carte provisoire de séjour, sa peur quand elle perd son lieu de résidence, sa déchéance dans les rues de Londres et... Je ne vous dirai pas la fin, ce serait dommage.

Carole Karemera est extraordinaire, sur scène. La comédienne incarne tour à tour trente-cinq personnages. Elle varie les accents, les émotions, les styles avec une étonnante facilité. Pendant une heure et demie, elle parle, seule. Manou Gallo l'encadre de ses chants africains et de ses bruitages, mais c'est Carole Karemera qui tient le haut de l'affiche.

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Hors de la scène, Carole a encore des choses à dire. C'est que la problématique des réfugiés la touche personnellement. "Je suis née avec une carte de réfugiée. Ma mère venait du Rwanda et elle détestait la Belgique. Je suis donc née à Bruxelles, mais avec le statut de réfugiée rwandaise. J'ai donc connu les longues files 'attente, tous les deux ans, pour renouveler ma carte de réfugié, les interrogatoires, la visite médicale. Plus tard, après les événements de 94 au Rwanda, mon père est venu nous rejoindre en Belgique, avec mes soeurs. L'angoisse et les formalités ont à nouveau recommencé." La jeune comédienne est donc en prise avec les réalités décrites dans la pièce. "Bien sûr! des réfugiés, j'en connais plein! Je connais plein de gens qui sont morts de peur chaque fois qu'ils pernnent le bus, le tram, ou chaque fois qu'ils voient un policier."

Et si, pour elle, la politique actuelle d'immigration est une aberration ("Les gens ont toujours été nomades. Pourquoi les empêcherait-on de circuler? Dans dix ou vingt ans, les Européens pleureront après la main d'oeuvre africaine."), elle pense aussi que la pièce devrait être montrée en Afrique. "Les Africains s'imaginent que c'est mieux ici, que l'Europe, c'est le paradis. Peut-être, mais regardez toutes les formalités et les souffrances qu'il faut endurer pour espérer entrer dans ce "Paradis". Je pense qu'il vaut mieux qu'ils essaient de construire leur vie en Afrique, sans rêver à l'Europe. Peut-être que la pièce les aiderait à en prendre conscience..."

Les travailleurs sociaux, ceux qui travaillent dans des centres pour réfugiés devraient selon Carole également faire un tour par le théâtre. "Ils n'ont pas le temps de faire de l'humain. Ils doivent traiter des centaines de cas par semaine, ils ne peuvent pas s'attacher aux gens, sinon, ils ne s'en sortent plus. Je voudrais leur montrer la pièce, pour leur faire prendre conscience des autres points de vue, leur montrer qu'à l'autre bout, il y a des gens qui ont souffert."

Les spectateurs qui verront "la Femme Fantôme" en sortiront imperceptiblement changé. Le temps d'une seconde suspendue, ils pencheront la tête, se rappelleront la journaliste africaine, son histoire, ses souffrances, et la barbarie "civilisée" que lui a imposé la Grande-Bretagne...

Renseignements et infos sur www.poche.be